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Un fragile équilibre entre économie locale et tranquillité

Société

France   //   Portrait

L’archipel du Frioul entend conserver son authenticité, son style de vie « à l’ancienne » mais pour combien de temps le pourra-t-il encore ? Les touristes affluent désormais par milliers chaque été et les occasions immobilières locales aiguisent l’appétit des investisseurs de tout l’hexagone. Quelque changement d’organisation sera peut-être nécessaire afin que perdure l’entraide et la capacité des plus jeunes à prendre soin de leurs ainés.

Havre de paix pour retraités

Marseille se réveille. Danièle est aux premières loges. Depuis sa terrasse, cette retraitée de 69 ans contemple sa ville émerger tous les matins. Cela fait maintenant plus d’un an qu’elle et son conjoint habitent le Frioul, archipel situé à sept kilomètres des côtes. « Écoute ! Il n’y a pas de bruit. C’est une renaissance », confie-t-elle entre deux gorgées de café, les yeux rivés sur l’horizon, l’air sereine.

Née à Endoume, quartier situé aux pieds de Notre-Dame de la Garde, Danièle a grandi et vécu à Marseille toute sa vie. Ancienne préleveuse laborantine, elle a sillonné la ville en long en large et en travers. Tout en transport en commun. Une heure et demie de trajet pour aller au travail, la même durée pour rentrer à la maison, en plein cœur de Marseille. « J’ai habité pendant 19 ans dans un appartement sombre, à côté de la gare Saint-Charles », se souvient-elle. Des soirées bercées par les gémissements des moteurs de voitures et les cris de junkies en manque. « J’adore Marseille mais je ne pourrais plus y vivre. Quand je suis en ville, je n’ai qu’une envie, c’est retrouver le calme du Frioul », assène-t-elle.

À seulement 20 minutes du Vieux-Port, l’archipel offre une parenthèse aussi inattendue que dépaysante pour les 152 résidents annuels. Un cadre de vie unique. Adieu les klaxons des voitures, bonjour le chant des oiseaux. Au revoir les pots d’échappements, salut l’air du grand large. Bon débarras tout ce monde et ce bruit, bienvenue le silence et la sérénité. « Marseille est constituée de 111 villages, et aujourd’hui, à part au Frioul, cette atmosphère n’existe plus. C’est mon quartier et j’en suis fier ». Gérard Prolac vit depuis 25 ans sur Pomègues, l’île principale de l’archipel.

Le Frioul n’a pas toujours été un quartier de Marseille. L’archipel a longtemps servi de port de quarantaine pour les bateaux de commerce désireux de se rendre au Vieux-Port, avant de devenir un complexe militaire. Ce n’est qu’en 1971, sous l’impulsion de Gaston Defferre alors maire de Marseille, qu’une grande partie de l’archipel est cédée par l’armée à la municipalité, qui en fait un port de plaisance avec un noyau urbain de 450 logements, dont des HLM. La moyenne d’âge est de 70 ans.

Perle rare touristique

Si les retraités peuvent vivre au Frioul, c’est avant tout grâce à la fréquentation de leurs îles, à la fois leur chance et leur malédiction. Les touristes accourent, surtout l’été, pour profiter d’un cadre dépaysant à seulement quelques nautiques de la deuxième ville de France. Les restaurateurs font tourner leur boutique presque exclusivement grâce à eux. « L’été on fait les trois quarts de notre chiffre d’affaires », concède le gérant de la moulerie Lou Friéu. Comme lui, ils sont une quinzaine d’établissements à servir touristes et locaux pratiquement toute l’année. En cet après-midi d’hiver, une poignée de visiteurs fait escale sur la terrasse du restaurant.

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Article complet au format papier dans Mayonèz Mag Nº7. Retrouvez tous les aperçus d’articles de Mayonèz Mag dans la section Archives.

Texte : 
Arnaud Delayre

Photographie :

Chapelle de la Quarantaine (île de Ratonneau), Samantha Panek

Calanque de la Crine, île de Pomègues, Annabelle_cra

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UN PAS DE CÔTÉ DANS LES MÉTROPOLES DU MONDE

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