Art
France // Galerie
À 15 ans, Leonel Lopes passe le plus clair de son temps libre à esquisser le monde qui l’entoure. Son brevet en poche, il soumet une candidature, une seule, pour intégrer cette école d’art plastique parisienne dont il rêve tant. Pas de plan B ni de place pour le doute. L’artiste ne se projette que dessinateur dans la pub. Ce sont les années 1990, l’âge d’or des visuels tapageurs sur fond de «Just do it» et autres «Il faut secouer sinon la pulpe, elle reste en bas.» . Les grandes marques ont besoin de champions créatifs. La route est toute tracée, Leonel en sera !
Et puis, franchement, le concours pour intégrer l’école, c’était une partie de plaisir. Confiance, insouciance et envie de plage : sa lettre d’admission en poche, Leonel envisage son futur l’esprit tranquille et… rate le coche ! À son retour de vacances, le jeune dessinateur apprend que l’école a revu son quota d’admissions à la baisse et qu’il fait désormais partie des malchanceux.
« Ça m’a servi de leçon et il a bien fallu que je m’oriente différemment. J’ai intégré une filière technique et, paradoxalement, je me souviens que mon dépit a rapidement fait place à une révélation : pour dessiner, il faut bien que l’inspiration vienne de quelque part ! Serait-elle effectivement venue si j’avais passé tout mon temps le nez dans mes croquis ? Je n’en suis pas si sûr. » Pourquoi ne pas, alors, puiser cette inspiration dans de nouveaux apprentissages, puis dans la gestion de projets dans la PLV (Publicité sur le lieu de vente) pour des marques de luxe comme LVMH et Chanel ? Ainsi s’oriente Leonel dans le monde professionnel, au gré des opportunités que le travail bien fait laisse dans son sillage, sans que la créativité de l’artiste ouvre encore de porte sur des postes lui permettant de vivre de sa patte.
« J’ai poursuivi mes explorations, dans la photo notamment. » Au début des années 2010, Leonel sent le vent tourner : des jobs comme le sien vont bientôt disparaître au profit d’interactions totalement numérisées. Il se forme alors au design 3D et au motion design à l’école des Gobelins, et ouvre un statut d’autoentrepreneur, qui lui permet d’arrondir ses fins de mois puis devient son activité à plein temps en 2014, lorsque le couperet du licenciement économique tombe. La galerie BOA Spécifique (Paris) remarque et expose sa série de photos Matières portuaires en 2016 tandis que des agences de communication et des entreprises telles que Apave (leader dans la maîtrise des risques) et APRR (une des trois grandes concessions autoroutières françaises) lui commandent régulièrement des illustrations et des infographies pour leurs publications. «Je suis un crayonneur. Mon fort, ce sont les traits. J’ai toujours beaucoup travaillé les portraits et c’est principalement le domaine dans lequel mes clients me sollicitaient au début, tandis que la photo me permet au contraire de travailler sur l’espace et les lieux. Plus récemment, tout se rejoint dans le dessin et la confiance des clients me permet de proposer beaucoup plus de créations proches de ce que je ferais pour moi si je devais dessiner des autoroutes ou représenter la prévention des risques sociaux sur mon temps libre.»
Leonel reconnait volontiers que ne pas être entré par la grande porte du dessin lui procure une certaine forme d’humilité tandis que les prérequis et paramètres de ses clients sont autant de défis à relever qui, in fine, libèrent sa créativité.
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UN PAS DE CÔTÉ DANS LES MÉTROPOLES DU MONDE
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