Jean Echenoz ou le roman virtuose et humoristique

Le berceau de Jean Echenoz

Dès leur fondation en 1941 sous l’Occupation, les éditions de Minuit élaborent une histoire prestigieuse marquée par la publication d’œuvres contestataires ou qui proposent de révolutionner la littérature et surtout de réviser l’héritage du roman réaliste et naturaliste. Ainsi, le premier roman publié est celui de Jean Bruller, alias Vercors, Le Silence de la mer (1942), remarquable métaphore de la Résistance. Ont suivi entre 1950 et 1975, outre les œuvres de Maurice Blanchot et de Samuel Beckett, celles des grands noms du Nouveau Roman tels Marguerite Duras, Michel Butor Claude Simon et Alain Robbe-Grillet qui ont remis en question le roman traditionnel. Ils ont suivi pour ce faire deux voies : la fin du héros et de l’analyse psychologique ; la fin de l’intrigue. En conséquence, une attention particulière portée à l’écriture voit le jour et, comme le signale Jean Ricardou, qui théorise entre 1964 et 1966 le Nouveau Roman, on bascule de l’écriture d’une aventure à l’aventure d’une écriture.

C’est précisément dans cette maison qu’ont été publiés les dix-huit textes de Jean Échenoz, presque tous des romans, du Méridien de Greenwich publié en 1979 à Vie de Gérard Fulmard en 2020. Il est courant de lire à son sujet, à la fois en raison de l’histoire de son éditeur et du caractère apparemment déroutant de ses œuvres, qu’il est un continuateur du Nouveau Roman. Or la démarche de Jean Échenoz s’en distingue.

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