DANS LE CHAUDRON DES IDENTITÉS ALBANAISES

Entre les villes de Korca et Gjirokastër, dans le sud de l’Albanie, la route parcourt un plateau désertique de toute beauté, séparée de la Grèce par une chaîne de montagne pierreuse, avant de plonger d’un coup vers la profonde vallée de la Vjosa, dernière rivière complètement sauvage d’Europe qui divague librement sans même un aménagement hydroélectrique. Un trajet hypnotique que l’on passait dans la contemplation de ce paysage quasi himalayen, quand subitement, le ton monta dans le minibus qui assure la liaison régulière. D’abord, le chauffeur et un passager puis tout le minibus. L’objet de l’ire? Non identifié. En revanche, ce qui l’était parfaitement, c’est qu’un minibus albanais vieux de 30 ans, n’a pas de pilotage automatique, et qu’il se bonifie beaucoup moins avec l’âge qu’un raki, la gnôle de fruits locale. Au détour d’un virage apparût un troupeau de vaches. Voilà le missile (vu que la pente était dans le bons sens) lancé droit sur la cible et le chauffeur moulinant toujours des bras, dos tourné à la route. Impact dans 5, 4, 3… Ben, non. Le conducteur – James Bond, avec quelques dents en moins – sauta dans son siège et enfonça la pédale. Fit grincer les freins. La première vache était à 50 centimètres. Placide, elle.

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