VOIR DELHI ET MOURIR

» Qu’est-ce que je fous dans cette ville toujours polluée où les embouteillages font passer le périphérique parisien à l’heure de pointe pour une ballade bucolique ? Cette ville à la météo brutale, où l’été est brûlant, la mousson poisseuse et l’hiver glacial ? Cette ville de Tartuffe où il est impensable d’embrasser, même chastement, une femme en public ? Sans doute, ne suis-je pas le seul à me po- ser cette question, à en juger par les voyageurs désemparés qui découvrent les rues chaotiques de la mégalopole. Pour certains, le choc initial est même trop rude : j’ai vu des tou- ristes refuser de quitter l’aéroport international et chercher à regagner leurs pénates avant même d’avoir foulé le sol de cette capitale étouffante.  Mais voilà cinq ans que je repousse mon retour en Europe et il est temps d’accepter ce qu’il en est : Delhi est sans doute une des cités les plus envoûtantes qu’il m’a été donné d’explorer. Une ville aux mille visages, qui parfois ressemblent aux démons grimaçants du Râmâyana (l’épopée mythologique) ornant les temples hindous mais qui souvent prennent les traits d’une de ces féé- riques courtisanes qu’aimait peindre Mazhar Ali Khan au XIXe siècle. Delhi s’amuse toujours à me surprendre:

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