Société
Pays Nordiques // Reportage
De vastes espaces où vieillissent de grands arbres, où règne la paix, où roulent les poussettes, courent les chiens et les joggers et où, plus rarement, on prend un bain de soleil. Bienvenue au cimetière, à Copenhague ou à Stockholm ! Ici reposent les morts mais ce n’est pas une raison pour que les lieux n’inspirent que deuil et chagrin. Attention cependant à ne pas mordre la ligne subtile de la bienséance des tombeaux !
Le printemps, le soleil et la maman d’Adam
Lorsqu’arrive la fin de l’hiver, long et sombre, les Scandinaves ont furieusement envie de profiter du soleil et de la nature bourgeonnante. Ici, le printemps est une bénédiction. À Copenhague, on se rend par exemple au kirkegård (cimetière, en danois) Bispebjerg dès la mi-avril. Oui, au cimetière, où il y a de vraies tombes sous lesquelles reposent une majorité de vrais et défunts inconnus. Les Danois s’y installent d’habitude confortablement sauf que cette année, malheureusement, la ville a interdit les rassemblements « statiques » et les pique-niques dans leurs allées d’arbres en fleur à cause de la crise sanitaire. Même topo pour les Stockholmois, qui se rendent facilement au cimetière le plus proche pour observer la douce flamme des bougies allumées pour la Toussaint, qu’ils aient ou non récemment assisté à un enterrement. Certains gløgg (vin chaud) sans alcool et brioches à la cannelle y sont en outre vendus à des stands ambulants qui font escale entre les tombeaux pour l’occasion.
Adam, Danois, est étudiant en communication et a malheureusement perdu sa mère il y a trois ans. Il partage son histoire dans le cimetière de Assistens. L’espace urbain en question relie le centre-ville à la banlieue nord et sert de raccourci à de nombreux cyclistes et joggers. C’est aussi là que sont enterrés le célèbre écrivain Andersen et le lauréat du prix Nobel de physique Niels Bohr. Adam a un temps vécu à proximité du cimetière et s’y promenait régulièrement. « J’aime que cet endroit accueille à la fois la mort et la vie… l’ambiance est bonne ». Sans surprise, Adam ne pense pas que les cimetières devraient être réservés aux personnes décédées ou en deuil : « je vois souvent le même gars là où ma mère repose. Il est généralement sur le banc à côté d’elle, il boit sa bière et discute. Je pense que vous pouvez tout faire tant que vous montrez du respect. Vous pouvez prendre votre bain de soleil à condition de vous souvenir, toujours, qu’il y a quelqu’un en deuil à proximité. Écouter du métal ou jouer au football est hors de question, par exemple… ».
Adam ne semble pas appliquer des règles fondées sur l’action mais plutôt sur l’intention et la manière, confirmant à ce titre que l’alcool et un certain type de musique sont selon lui acceptables au cimetière. Il a d’ailleurs récemment rendu visite à sa mère avec d’autres membres de sa famille et ils se sont attardés sur les lieux tandis qu’ils interprétaient la musique et buvaient le cocktail préférés de la défunte. Il ajoute néanmoins quelque nuance à son discours, une granularité qui s’impose à lui depuis qu’il a perdu un être cher : « je me dis quand même aujourd’hui que, s’il y avait un parc à côté du cimetière, on devrait le préférer pour nos pique-niques et autres activités de plein air ».
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UN PAS DE CÔTÉ DANS LES MÉTROPOLES DU MONDE
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