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Melting-pot au bout du Monde

Société

Australie   //   Expérience

Pendant un an, j’ai été employé par une famille australienne et au sein d’un café d’une petite ville proche de Melbourne. Cohabitant au quotidien avec une dizaine de nationalités différentes, j’ai pu découvrir le multiculturalisme australien. Avec toutes les habitudes héritées d’Europe, d’Amérique, d’Afrique ou d’Asie, il devient difficile de dégager une identité commune mais quel enrichissement de vivre au sein d’une telle mixité !

Commençons donc par faire la fête !

On m’offre un énième shot de vodka. Pas le temps de discuter, il faut s’exécuter et le vider d’un trait. Jan rit de bon cœur, il est heureux de partager un peu de la Pologne qui coule dans son sang. Il raconte comment son père lui a appris à apprécier l’art de se saouler les jours de fête. Nous sommes le 24 décembre dans un jardin de Melbourne, chez Ian et Francesca, les beaux-parents de Jan : Ian, Écossais, arrivé en 1958 dans le South Australia à l’âge de 10 ans et Francesca, Italienne, venue vingt ans plus tard dans le Victoria. Aujourd’hui encore, elle roule les « r » et fête Noël au bout du monde sous le soleil, loin du froid de sa Lombardie natale. Travaillant pour la famille, je suis invité à la fête et il n’y a rien d’anormal à ajouter une nouvelle nationalité autour de cette table : le voisin est Canadien, la meilleure amie est Indienne, les enfants et petits-enfants sont tous nés en Australie. Il y aussi un couple de locaux mais l’homme ressemble étrangement à un missionnaire allemand. On me précise qu’il partira la semaine suivante en Bavière : coïncidence ? Je ne le crois pas. Le lendemain, jour de Noël, il y aura encore un Néo-Zélandais et toute la famille polonaise de Jan. Ce melting-pot à l’Australienne se traduit sur la table où l’on trouve champignons d’Italie, plateaux de fromage français, rosbeef, dinde aux marrons, curry made in India, panettone ou encore pudding de Noël. J’adresse une mention spéciale pour le petit-déjeuner du 25 arrosé d’un cocktail mimosa, c’est-à-dire du prosecco au jus d’orange, idéal contre la gueule de bois. C’est, parait-il, une habitude britannique qui est diablement efficace : on a envie de picoler à nouveau toute la journée. Et tant mieux car il y a un vaste choix de boissons : rouge italien, blanc moelleux français, rosé australien, vodka de Pologne, bière d’Inde ou d’Australie…

La journée de Noël se présente sous un soleil presque caniculaire. Les enfants ouvrent les cadeaux déposés pendant la nuit par Santa puis nous filons tous dans la famille de Jan. Après la réception italo-écossaise de la veille, cap sur la Pologne : Cesary, le papa de Jan, dégaine en premier : « shot de vodka ? » On laisse échapper un petit relent des excès de la veille avant de décliner poliment : « Non merci… » Sourcils froncés, regard dédaigneux. « Oui, je vais bien en prendre un petit en fait. Et une bière aussi pour faire glisser ». C’est reparti pour un tour. Le but des fêtes de Noël reste le même partout dans le monde – boire et manger – surtout dans un pays qui fait partie du top 10 mondial du temps passé à table. Il faut bien cela pour oublier la solitude du bout du monde. Pour la majorité des gens présents autour des tables, la famille est constituée de ce petit noyau. Les cousins, frères ou sœurs habitent toujours sur le Vieux continent, le Nouveau, en Afrique, en Asie ou sur une île lointaine du Pacifique. Alors, se retrouver entre différentes nationalités constitue un réconfort inestimable et tant mieux si l’on croise toutes les cultures pour préparer le repas.

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Article complet au format papier dans Mayonèz Mag Nº7. Retrouvez tous les aperçus d’articles de Mayonèz Mag dans la section Archives.

Texte: 
Marc Nouaux

Illustration :

Mélissa Pollet-Villard

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UN PAS DE CÔTÉ DANS LES MÉTROPOLES DU MONDE

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