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Mac Cann : composition symbolique et géométrique

Culture

Irlande    //   Chronique

Dans Forme et signification (1963), une des œuvres phares de la critique littéraire, Jean Rousset écrit : « L‘art réside dans cette solidarité d’un univers mental et d’une construction sensible, d’une vision et d’une forme ». Quoi de plus vrai si l’œuvre elle-même, dans sa structure symphonique, tente de tracer une figure géométrique évoquant le propos qu’elle voudrait tenir : c’est le pari de Colum Mac Cann dans Apeirogon.

Un Irlandais à New York

Colum Mac Cann, né en 1965, est un écrivain irlandais vivant à New York. Cette situation lui apporte un certain confort : d’abord, comme  les écrivains américains regardent selon lui en eux-mêmes ou dans les États-Unis, il voit plutôt en lui présente une particularité de certains auteurs irlandais qui laissent derrière eux leur terre natale pour écrire ; ensuite il peut proposer une réponse pondérée et sereine à la polémique de l’appropriation culturelle, autrement dit de la légitimité que peut avoir un écrivain d’une culture dite dominante  à aborder des sujets d’une culture dite dominée

Mac Cann a fait des études de journalisme et a commencé cette carrière en Irlande et y a gagné un prix pour un reportage sur les femmes battues à Dublin. Il est ensuite parti aux États-Unis à vingt et un ans. Il a exercé de multiples petits boulots, sillonnant le pays, ce qui lui a permis de faire connaissance avec la réalité sociale.

Il enseigne actuellement l’écriture créative au Hunter College de l’Université de New York et à l’European Graduate School, profession qu’il accompagne d’un militantisme sur le pouvoir des histoires transmis grâce à Narrative 4, une association qu’il a cofondée en 2013 dont il est président. Elle mobilise des auteurs intervenant dans les écoles pour développer chez les jeunes le goût de la lecture, de la réflexion libre sur ce qu’elle transmet et de susciter le goût de raconter des histoires. Elle cherche à leur montrer qu’ils peuvent avoir un impact sur leur vie et devenir les acteurs d’un changement positif car la lecture et l’écriture transforment notre vision du monde et développent notre capacité à comprendre l’autre.

Particularités d’une écriture militante et humaniste

Ces éléments biographiques éclairent les convictions optimistes qui gouvernent l’écriture de Mac Cann. D’abord, rien ne doit empêcher un écrivain d’aborder un sujet qu’il ne connaît pas quand sa démarche est animée entre autres par la curiosité, la soif de comprendre et l’humilité, manière de désamorcer la question irritante de la domination qui sous-tend l’appropriation culturelle, la transformant en une « pollinisation des cultures » selon ses propres mots. Grâce en outre à la certitude qu’on peut être l’autre, Mac Cann plonge au cœur de la vie des exclus, des marginaux ou des victimes. Il le fait soit en leur donnant la parole et même en donnant la parole à un narrateur qui les côtoie quand il opte pour la première personne ; soit en choisissant la plus grande impersonnalité de son narrateur livrant les faits et les événements de façon dépassionnée quand il choisit le récit à la troisième personne. Les changements de narration sont d’ailleurs également un moyen, dans le cadre même du roman, pour offrir une pluralité de points de vue.

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Article complet au format papier dans Mayonèz Mag Nº6. Retrouvez tous les aperçus d’articles de Mayonèz Mag dans la section Archives.

Texte: 
Jean-Luc Pauthier

Illustration: 
Jay Stoner

Photographie: 
Dustin Aksland

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