Affaires
Taïwan // Reportage
La pandémie a confirmé et accentué la dépendance mondiale vis-à-vis des puces « Made in Taiwan » tandis que l’île enregistrait, en 2020 et en conséquence, une croissance de 3.1% de son PIB. Un « miracle » économique aux antipodes du marasme universel des dix-huit derniers mois sur une scène internationale qui se numérise à grande vitesse et où la pénurie de puces est annoncée jusqu’en 2023. Taïwan profite de ce momentum pour attirer les entrepreneurs du monde entier, Silicon Valley en tête, afin de consolider sa place dans l’économie de demain – pourvu que la cohabitation et la compréhension interculturelle se réalisent… Explication.
Centre névralgique de la tech
Environ 90% des ordinateurs portables et serveurs dans le monde sont fabriqués, au moins en partie, par des entreprises taïwanaises. Cette origine n’apparait généralement pas sur les produits. Pourtant, elle est bien là, derrière le logo d’une marque américaine ou d’un « Made in China ». Comment ? Les entreprises taïwanaises jouent généralement le rôle de sous-traitant ou de fournisseur et produisent là où la main d’œuvre est moins chère, le plus souvent en Chine. Leur rôle dans la chaîne d’approvisionnement mondiale est souvent central mais invisible pour le consommateur. S’attarder sur TSMC et Foxconn permet de prendre la mesure du phénomène.
Foxconn est le plus important sous-traitant pour la fabrication d’appareils électroniques grand public. L’entreprise fabrique jusqu’à 40% des appareils dans le monde, compte parmi ses principaux clients Apple, Amazon, Nintendo et consorts ; elle emploie1,2 million de personne ; sa plus grosse usine basée en Chine continentale, surnommée « Foxconn Town » ou encore « iPhone City », compte à elle seule 350 000 employés. Quant à TSMC, la firme joue un rôle dominant dans l’approvisionnement en puces et investit des montants astronomiques (100 milliards de dollars prévus entre 2021 et 2024) dans de nouveaux centres de recherche et usines. Contrairement à la plupart des autres groupes taïwanais, TSMC délocalise peu et conserve 90% de ses investissements sur place. Quanta Computer, Compal, Wistron, Inventec ou encore Advantec sont quelques autres géants locaux. Moins connus, ce sont pourtant aussi des poids lourds de l’industrie qui interviennent dans la conception ou la production des produits les plus connus. Un appareil estampillé Apple, Google, ou Samsung est certainement passé par une de leurs usines.
Mais Taïwan ne s’arrête pas à ses acteurs locaux. L’île compte aussi sur la présence des multinationales étrangères. Les GAFA, IBM, Microsoft, Siemens… la liste de ces géants technologiques qui implantent leurs usines de production ou leurs centres de recherche et développement (R&D) sur l’île principale est (très) longue. Un exemple concret ? En janvier 2021, Google y a ouvert son plus important centre de R&D en dehors des États-Unis : une tour de seize étages à New Taipei. Ces multinationales s’installent à Taïwan pour travailler sur l’amélioration des technologies « du futur » : affichage (OLED), micro-processeurs, 5G, internet des objets, intelligence artificielle, cloud computing ou encore blockchain, pour n’en citer que quelques-unes.
Cet écosystème ne s’est pas construit du jour au lendemain et la solidité du tissu économique constitue un des avantages de l’île. L’histoire de l’électronique taïwanaise remonte à la fin des années 40, période à laquelle une main d’œuvre bon marché assemblait déjà des radios pour les Américains et les Japonais. Dans les années 60, Taïwan a gagné du terrain en rendant obligatoire la fabrication sur son territoire de certains composants assemblés localement, ce qui a permis l’émergence de fabricants locaux, géants d’aujourd’hui. Depuis, les politiques ont évolué mais sont restées favorables au commerce extérieur, aux investissements étrangers et à l’innovation. De quoi rendre Taïwan incontournable sur la carte de la tech.
Un rêve de Silicon Valley asiatique
Les autorités ont donc en main les meilleures cartes pour développer l’économie taïwanaise de demain. Leurs axes stratégiques sont notamment l’internet des objets, le biomédical (connecté), l’intelligence artificielle, les véhicules électriques (possiblement autonomes…), la réalité virtuelle et augmentée ou les énergies vertes et l’économie circulaire. Des secteurs qui bénéficient des dernières avancées dans les semi-conducteurs et dans lesquels s’engouffrent déjà les champions taïwanais.
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UN PAS DE CÔTÉ DANS LES MÉTROPOLES DU MONDE
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