Éric Houdoyer

Il construit des ponts entre le réel et l’imaginaire. Cette silhouette partielle pourrait être celle d’une hôtesse élégante, cette main robuste celle d’un livreur ou d’un déménageur ou bien ne sont-ce plutôt que des motifs, que le spectateur peut sortir à sa guise de leur cadre pour mieux envisager un tout autre monde ? Les deux mon capitaine. Éclipse avait marqué en 2015 le lancement d’un ensemble de photographies prises dans les rues de Paris, l’occasion pour Éric Houdoyer d’inviter son public à se questionner sur la seconde nature, peut-être interlope, de ces passants, clients de brasserie et autres vendeurs à la sauvette, héros vus puis imaginés, laissant leur trace dans notre réalité.

En 2021, l’artiste profite de ses escapades dans la campagne provençale pour substituer la douceur au mystère. La série à continuation est une infidélité ponctuelle à la photographie de rue qui lui tient à cœur. Végétaux et minéraux y composent le gros de ses sujets de travail. La technique ne change pas, les heures du jour propices à de telles captures restent les mêmes. À l’aide de son téléobjectif, qui lui « donne un cadre et installe une distance » entre lui et ses sujets, selon ses propres mots, l’artiste renforce la nécessité d’une observation en deux temps : il y a ces vignes, ces parterres d’été et ces feuillages aériens puis, aussitôt, l’ombre et la couleur prennent le dessus sur les formes. On pourrait être dans un paysage d’Édouard Vuillard ou simplement endormi au soleil, la lumière créant sous nos paupières cet enchevêtrement d’obscurité et de couleurs intenses. Cette nouvelle série est une invitation à la méditation.

Gad Edery, fondateur de la Galerie GADCOLLECTION – Paris

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