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En juin 2019, Facebook annonçait à la surprise générale sa volonté d’avoir un système de paiement et une crypto-monnaie. Bientôt deux ans après, Libra a changé de nom pour Diem, les ambitions ont été un peu revues à la baisse, mais le projet est toujours là, inquiétant pour les États du monde entier et les citoyens…
Au cœur de Genève, c’est un simple immeuble de bureaux classique, au 13 quai de l’Île. Des locaux modestes mais stratégiquement situés, non loin des filiales des grandes banques internationales et des établissements privés où les fortunes du monde prospèrent bien au chaud. Qu’à l’heure du virtuel, Diem conserve une bonne vieille localisation physique symbolise l’ambition du projet de crypto-monnaie initiée par Facebook. Celle de s’installer au cœur du paysage financier mondial. Le calendrier n’est pas précisément défini, même si c’est sans doute dans ces prochains mois. À dire vrai, Facebook n’est pas à quelques semaines près, tant les enjeux sont importants. Ou plutôt l’association indépendante Diem, car le réseau social n’est qu’un membre de cette coalition de multinationales des télécoms, du web ou du paiement, qui fonctionne selon le principe « une société, une voix ». Pour un peu, on croirait une coopérative ouvrière, si ce n’est que le ticket d’entrée s’élève à 10 millions de dollars, et qu’il ne s’agit pas précisément de sauver une usine lâchée par ses actionnaires.
Objectifs de la crypto ? Le 1er décembre dernier, Stuart Levey, le nouveau patron de l’association, les a répétés en termes feutrés : « le projet Diem offrira une plateforme fintech pour permettre aux consommateurs et businessmen de procéder à des transactions instantanées très peu coûteuses et ultra-sécurisées. Nous nous engageons à le faire de manière inclusive, de façon à ce que ceux qui en ont le plus besoin y aient accès ». Profil bas, vocabulaire rassurant, ce qui fâche n’est pas abordé. Il faut dire que le lancement de la crypto a été repoussé plusieurs fois depuis la présentation surprise du projet en juin 2019 par Mark Zuckerberg et les équipes de Facebook. Même le nom a changé le 1er décembre 2020. Exit Libra. Vive Diem, jour en latin. Et son portefeuille virtuel qui se nommait Calibra a été rebaptisé Novi. Nouveau jour… Manière de tourner la page des premières critiques ? Sans aucun doute. Reste que même revu à la baisse, le projet continue d’inquiéter les États du monde entier. Pour comprendre ce qui se joue dans le lancement de cette crypto-monnaie adossée à un système de paiement, à moins que ce ne soit l’inverse, il faut explorer la mécanique.
Diem veut remplacer le système international obsolète de transfert de fonds
Dans la ligne de mire de Facebook, il y a l’un des maillons faibles de la finance : le système de transfert de fonds international. Alors que les spéculateurs boursiers font du trading haute-fréquence, l’architecture de ce système (bien utile, celui-ci à des milliards de personnes) ressemble à une survivance du passé. Bertrand Perez, premier patron de l’association Libra, toujours chez Diem aujourd’hui, l’avait clairement expliqué en septembre 2019 lors d’une intervention devant des étudiants à Genève : « transférer de l’argent coûte cher, en moyenne 14 dollars pour 200 envoyés, soit 7 %. La banque mondiale a un objectif de 3 % à l’horizon 2030. Mais on pense que c’est impossible avec les technologies actuelles à cause de leur inefficacité. Swift a été créée dans les années 70 ». 25 milliards de dollars sont perdus chaque année par les migrants à cause des frais de transfert. L’idée de Facebook est donc de remplacer avantageusement Swift par le réseau inventé et développé par Diem.
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Texte:
Sébastien Colson
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