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Au Monténégro, l’heure d’un tourisme durable

Affaires

Monténégro    //   Reportage

Longtemps république fédérale de l’ancienne Yougoslavie, le Monténégro est devenu indépendant en 2006. De la taille de deux départements français, ce joyau de l’Adriatique était alors relativement vierge d’infrastructures touristiques. Depuis, il les a développées à grande vitesse, constituant un laboratoire des forces et faiblesses de la dépendance à cette industrie…

Histoire et décor accidentés

Sur la presqu’île de Lustica, la route toute neuve file au milieu des collines dorées par le soleil de fin de journée. Dans un pays où la conduite n’est pas très respectueuse du vélo, une piste cyclable longe le maquis, comme tombée du ciel. Ce n’est pas tout à fait le cas, mais pas loin : la route a été aménagée pour desservir Lustica Bay, complexe touristique créé de toutes pièces par un milliardaire égypto-suisse, Samih Sawiris. Un vrai spécialiste de la construction de complexes touristiques de luxe, qui a aussi opéré en +Egypte, aux Émirats Arabes Unis, en Angleterre ou encore en Suisse. À Lustica, l’investissement a été colossal : 1,1 milliard d’euros ont été apportés par la joint-venture, créée avec une modeste participation de l’État monténégrin, à hauteur de 10%. L’objectif architectural ? Un « village de pêcheurs ». Sur place, l’ambiance est plus starlette Instagram que marin qui rejoint la criée. Pour l’âme, on repassera dans ce lieu aseptisé aux codes des touristes fortunés. Mais il faut reconnaître que la construction respecte les meilleurs standards, même si l’on pouvait tout de même préférer la côte intacte d’avant et la seule végétation luxuriante qui tombait dans l’Adriatique.

Voilà l’un des nouveaux visages de ce minuscule pays coincé entre l’Albanie et la Croatie, où mer et montagne ne cessent de jouer à cache-cache. Il résume à lui seul les débats autour du développement de cet État confetti de 13 000 km2 et un peu plus de 600 000 habitants. L’aménagement touristique de la côte, ce sont des emplois et des recettes disent les uns. Un gaspillage à courte vue d’un précieux patrimoine naturel, répondent les autres. Ce qui est sûr, c’est que le Monténégro constitue un parfait laboratoire car le lieu était relativement vierge voilà vingt ans. Une terra incognita oubliée des guides touristiques et sur laquelle internet encore dans sa préhistoire, était somme toute peu disert. Au terme d’une (forcément) mauvaise nuit de bus sur les routes sinueuses du sud de la Serbie, ses promesses étaient éblouissantes. Autant les hauts plateaux du nord aux allures de Montagnes Rocheuses que le Fjord de Kotor et ses falaises de 1 500 mètres plongeant dans l’Adriatique azur. Autant les villes côtières qui ont vu défiler Vénitiens et Ottomans que les yeux émeraudes des lacs nichés au milieu des montagnes…

Les richesses semblaient infinies, comme les soirées passées avec les étudiants de Belgrade, qui venaient faire là compétitions sportives (un peu) et grosses fêtes (beaucoup), dans le sud de leur pays. Car le Monténégro n’était alors qu’une des composantes de l’éphémère fédération de Serbie-Monténégro. Cet État succédait à ce qui restait de la Yougoslavie. Les étudiants oubliaient la guerre, arrière-fond de la décennie 1991-2001. Les nationalistes l’avaient menée en usurpant leur nom en Croatie, Bosnie-Herzégovine et Kosovo. Et ils l’avaient connue de plus près, quand les avions de l’OTAN avaient bombardé au printemps 1999 les gares et les ponts, les ministères et les casernes, pour mettre fin au conflit kosovar. Ces années-là, l’histoire ne cessait de se faire en direct :  le boutefeu Slobodan Milosevic avait été chassé par une révolution populaire le 5 octobre 2000, après des dizaines de nuits où les citoyens avaient tapé dans des casseroles pour couvrir la propagande de la télé d’État. Zoran Dindic, le Kennedy serbe, avait ensuite fait miroiter un rêve d’Union Européenne, jusqu’à ce que la mafia de Milosevic revancharde, finisse par l’assassiner un matin de mars 2004.

[…]

Article complet au format papier dans Mayonèz Mag Nº6. Retrouvez tous les aperçus d’articles de Mayonèz Mag dans la section Archives.

Texte et Photographie: 
Sébastien Colson

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UN PAS DE CÔTÉ DANS LES MÉTROPOLES DU MONDE

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