ANTONIO TABUCCHI : L’INVITATION AU VOYAGE ONIRIQUE OU INTÉRIEUR

Lire Voyages et autres voyages (2014) permet de comprendre comment est né le voyageur en Tabucchi et comment il a exploité le thème dans ses œuvres de fiction. Si depuis Proust on a tendance à écarter l’auteur dans l’analyse de ses textes, la biographie de Tabucchi et les commentaires qu’il a faits de ses propres romans nous montrent à quel point la vie peut expliquer l’œuvre, ses mobiles et ses procédés. Né en Italie, à Pise, Tabucchi découvre le goût de l’ailleurs dans des visites à Florence, véritables expéditions faites avec un oncle qui s’était donné la louable mission de bâtir la culture de son neveu. Immobilisé au lit dans l’adolescence par une affection du genou, il pratique le voyage mental grâce à une inclination pour les atlas et à des lectures de Stevenson et Conrad, auteurs phares de romans d’aventure qui l’ont marqué au point de rester des préférences. Mais voyager demande aussi d’exercer son regard et la découverte de l’Italie vue par Fellini dans La Dolce Vita lui enseigne à regarder la réalité différemment. Juste après le bac, il part étudier à la Sorbonne en auditeur libre et achète incidemment dans une gare, avant un retour en Italie, Le Bureau de tabac de Fernando Pessoa. Cette lecture fait naître le goût d’étudier le portugais et de visiter le Portugal qui fera vite partie de sa vie : il se marie avec une Portugaise, Maria José de Lancastre, traduit Pessoa en italien avec elle et écrit Requiem (1991) directement en portugais.

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