Société
Egypte // Portrait
La deuxième ville d’Égypte est célèbre pour son histoire antique et son cosmopolitisme du XXe siècle, dont il ne reste plus grand chose. Alexandrie est moins connue telle qu’elle est aujourd’hui. La jeune génération ne s’est pas libérée de tout sentiment de nostalgie, mais elle porte un autre regard sur la ville et son évolution. Boundoq, Mido, Mimi, Omar et Sally ont entre 25 et 34 ans. Ils sont tous nés à Alexandrie dans des quartiers différents et y sont attachés. En quelques années, ils ont vécu cette mutation.
Environ cinq millions d’habitants résident à Alexandrie et chacun possède sa propre géographie de cette ville côtière du Nord de l’Égypte. Sally, âgée de 24 ans, estime qu’il s’agit plutôt « d’une région ». Son Alexandrie se cantonne là où elle a grandi et où elle vit encore : dans les rues héritées du siècle passé, dans le centre-ville. Omar, 26 ans, originaire d’un quartier voisin, écarte aussi tout ce qui se trouve en périphérie. Les industries, les résidences estivales et les quartiers populaires construits aux marges de la cité ne comptent pas vraiment : « À Miami (situé à l’extrême-est en bord de mer), il y a beaucoup de vacanciers et des investisseurs qui viennent de l’extérieur. » Le centre-ville attire même ceux qui n’y sont pas nés comme Mido, 25 ans. D’abord parce qu’il y travaille dans une association artistique, puis parce qu’il aime s’y promener tard la nuit : « Il n’y a pas de circulation à ce moment-là, tout est calme. »
Souvenirs et esprit des lieux
Il est difficile de mettre des mots sur ce qui nous lie à un endroit. Le temps suffit parfois à créer une attache. L’esthétique est anecdotique, propre à chacun, nichée dans les détails. Lorsque Omar visualise Alexandrie, il l’imagine l’hiver : « mouillée ». Quand l’eau du ciel noie l’asphalte, que la mer agitée crache son écume sur les trottoirs de la corniche et que les mini-bus arrosent les passants. Il faut un manteau pour traverser ces mois de froid méditerranéen ; humides et venteux. Les Alexandrins préfèrent pourtant souvent cette saison à l’été, pendant lequel les vacanciers envahissent les plages et engorgent l’autoroute.
Les souvenirs signifient pour tous davantage que bien des monuments. Parfois, la grande histoire se mêle tout de même à celle de chacun. L’Alexandrie cosmopolite de la fin du XIXe siècle jusqu’à la moitié du XXe siècle, tournée vers la Méditerranée et sur laquelle tant d’auteurs ont écrit, existe encore dans l’imaginaire des nouvelles générations. Les façades décrépies du centre-ville portent la mémoire de ce patrimoine, largement influencé par la présence européenne des années antérieures (Grecs, Italiens et Français notamment). Prenez la rue Fouad et levez les yeux : des immeubles de style néo-classique, ornés de colonnes gréco-romaines et de frontons triangulaires. D’autres, avec leurs balcons tout en rondeur, sont plutôt d’inspiration art nouveau. Tout cela regroupé dans un même espace, réunit une pluralité de modèles architecturaux. À part quelques vestiges antiques comme les catacombes, ces édifices des XIXe et XXe siècles font partie de ce qu’il y a de plus ancien à Alexandrie.
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Texte et photographie :
Louise Aurat
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